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Lake Tahoe

Au nord de San Francisco, à cheval entre la Californie et le Nevada, un lac immense est cerclé de montagnes. Les stations de Lake Tahoe offrent un superbe ski contrasté. Forêts, vues sur le désert, runs se terminant sur la plage…

Dans l’imaginaire du skieur, il y a des images souvent trop belles pour être vraies : les neiges des volcans fumants du Kamtchaka, les flûtes de Valdez-Alaska, les forêts poudrées des Rocheuses Canadiennes… Ces photos cartes postales nous hantent.
Le germe d’un voyage tient à peu de chose, par exemple à un vieux magazine de ski retourné… Contraste. La couverture : eau turquoise d’Emerald Bay, pente poudreuse qui plonge dans les abysses et skieur, spatules jouisseuses, enfouies dans soixante de poudre. Le style de run qui se termine sur la plage. La légende : Lake Tahoe, Californie.

South Lake Tahoe

Aéroport de San Francisco. Pas le temps de voir la Maison Bleue. L’air est chargé d’iode, les lagunes, la mer sont là, proches. Les ponts enjambent. Pas le grand rouge, au-dessus des eaux troubles. On file au nord, direction la frontière Californie-Nevada, une sorte d’antithèse hollywoodienne.
Baptiste Blanc et Jacopo Bufacchi, rider et guide de haute montagne italien, prennent les highways en main. La neige est loin, à une poignée d’heures de route, dans les montagnes où se planquaient les cow-boys et les indiens à plumes.
La mythique neige de Squaw Valley sera pour plus tard.
Le trip ski commence au sud de Lake Tahoe, à Kirkwood Mountain Resort. La route serpente dans la forêt, les murs de neige atteignent plusieurs mètres de haut.La station est éparpillée en fond de vallée, quelques bâtiments servent de centre et de départ aux remontées mécaniques. Tout a été tracé mais le potentiel du lieu est intéressant. On comprend vite qu’ici le ski se conjugue avec la forêt. Les arbres, imposants, laissent de l’air entre eux pour tailler des grandes courbes sans trop se poser de questions. C’est dans la station voisine, à Heavenly, que ce type de glisse atteint un sommet : quasi 1 500mètres de dénivelé entre les troncs, dans une pente soutenue, avec cette fois-ci le lac en fond. Extase. Du sommet les pieds dans la neige, on contemple le désert du Névada. Car le lac est boarder-line. Mi Californie, mi Nevada. Les casinos, les table dance et plus si affinités d’un côté, les sorties aseptisées de l’autre. De chaque côté, une police qui n’a pas le sens de l’humour et le fusil à pompe prompt.

 

l’or de squaw valley

Trois excès de vitesse plus tard, le team franco-italien essaye de prendre possession de Squaw Valley, au nord du lac. Arrivés sur l’immense parking, il suffit de lever la tête pour voir les locaux abuser de la moindre parcelle de poudreuse. Depuis trois jours, une dépression déverse rageusement ses flocons.
4X4 obligatoire pour prendre la route qui longe le lac. Petite pensée pour Jean Vuarnet, vainqueur ici de la descente olympique de 1960. L’attitude des locaux ne correspond pas à une goinfrerie. La neige, qui tombe ici en abondance grâce à l’influence du Pacifique, se transforme à une vitesse exceptionnelle. En quelques heures, on passe des conditions de neige canadienne à une transformée de printemps, impressionnant mais décevant. Les miettes sont toujours bonnes à prendre. Baptiste Blanc et Jacopo Bufacchi savent y faire pour dénicher les derniers filons. Le sommet de la station est superbe. La vue dégagée sur les Rocheuses, les lignes de rochers type western John Wayne sont bien là. Cliché bien sûr, mais comment faire autrement ? La route de l’or passait par là. C’est la terre des diligences, des coups de feu, des tipis. Truckee, le village proche de Squaw Valley, garde cette ambiance saloon. La prison du shérif étoilé a été précieusement conservée. A voir. Sur le mur d’un théâtre, le portrait de Charly Chaplin, l’ancien temps et le moderne.

Emerald Bay turquoise

Ici, chaque station est privée, elle appartient à un seul exploitant qui possède en général tout : école de ski, shops, remontées mécaniques… La loi, c’est lui. Sa loi ne se discute pas. Après avoir tout de même joué à cache-cache avec les ski patrol sur un beau hors piste, c’est l’heure du big hamburger au grill sur la terrasse du restaurant. Ambiance estivale et délétère : ça boit sévère. Se méfier du prêt-à-penser. L’Amérique proprette n’est sans doute pas celle que l’on croit. Direction Emerald Bay, histoire de couper avec les jalons, les panneaux indicateurs et les remontées mécaniques. La couverture du vieux magazine de ski, c’est là. C’est comme sur le papier glacé. Les runs se finissent au bord du lac, plongée dans l’eau turquoise. La montée à peaux de phoque se mérite. L’autre berge, au Nevada, brille au soleil. On devine les pistes d’Heavenly et surtout son run d’anthologie en forêt. Emerald Bay et ses Red Cedar centenaires. Les mètres de poudreuse lèchent l’écorche rouge. Ne pas faire partir d’avalanche sur la route, là, en contrebas. Premières courbes gourmandes,les pieds dans le blanc, la tête dans le bleu. Les pieds sont légers, la neige sublime. Moment précieux. Nous sommes sur la couverture du vieux magazine.

Franck Oddoux

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