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Adamants – Magic Heliski

Perdu dans les Rocheuses Canadiennes, était un lodge confortable. Il accueillait un petit groupe de skieurs avides de poudreuse. Enfants très sages, ils avaient à disposition un gros hélicoptère avec le plein pendant une semaine. Qu’advint-il de la poudreuse ?

Évacuons d’emblée les mauvaises pensées… Faut-il avoir honte de se faire plaisir ? De crier sa joie d’être un enfant (trop) gâté ? L’auto flagellation n’étant pas le genre de la maison, on peut dire que l’on ne regrette rien, au contraire et que ceux qui ne rident plus l’âme en paix peuvent toujours payer une copieuse compensation carbone et utiliser les transports en commun pour aller au turbin. Dans la vie d’un skieur, s’offrir une fois la glisse champagne vaut-il excommunication?

45 000 mètres de dénivelé !

Si un chiffre suffisait à résumer un bonheur, on pourrait avancer celui-ci : 45 000 mètres minimum de dénivelée en une semaine !
Soit à peu près dix déposes par jour. Des kilomètres de hors piste intégral, de profonde jusqu’aux lobes d’oreille, de pentes plâtrées de chantilly…De quoi devenir dingue, brûler ses forfaits et ne plus pouvoir supporter le moindre pylône. Ce paradis se nomme Adamants, il est lové dans les Rocheuses Canadiennes, à plusieurs heures de route de l’olympique Calgary. Perché en altitude, relié uniquement par voie des airs à la civilisation, la base d’héliski d’Adamants est échouée au milieu de centaines de kilomètres carrés vierges. Le bus qui assure la liaison depuis Calgary s’enfonce progressivement dans la wilderness jusqu’à atteindre une piste boueuse où les roues se noient : terminus.

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CMH Heliski groupe

Impatience récompensée…

Après tant d’heures passées dans l’avion, et le bus, de briefing sécurité, la poudreuse se fait un peu désirer. Puis vient la première dépose. Une révélation qui fait oublier jet lag et fatigue chronique.
Comme un gros frelon, le Bell affale son ventre sur le sommet de la corniche. Tous les skieurs s’extirpent de la machine et se blottissent en attendant que le guide de haute montagne sorte nos skis larges du panier. Son pouce se lève et la machine s’extirpe de la neige pour laisser place au silence. Plus de mille mètres de dénivelé totalement vierges attendent nos spatules gourmandes. La neige sèche, extrêmement froide vole comme du talc. On ne force même pas. Le rêve. Les possibilités de runs sont infinies, le relief magnifique avec des contre pentes, des espaces très ouverts semés progressivement de bosquets de sapins très espacés, un vrai décor de blockbuster. Les mots ne peuvent exprimer cette sensation de bonheur, de grand large… C’est comme un jour de grosse poudreuse chez nous mais multiplié par 100. Un signe qui ne trompe pas, on se surprend à crier sa joie sur les skis. Nous ne sommes pas les seuls, les autres énervés de la spatule donnent aussi de la voix. La partie fine se déroule dans la forêt. Le ride est franchement exceptionnel car il y a de la pente, les arbres sont espacés et l’on peut laisser filer les skis sans être rappelés à l’ordre par des branches cinglantes. La neige n’est pas soufflée, les souches et autres pillows rebondis recouvrant les rochers et autres petites barres se sautent sans aucun calcul. Bref, le Disney World du ski de forêt, c’est là.

Paradis blanc

Il y a bien entendu l’hélicoptère, machine fascinante qui ouvre bien des perspectives de ski, mais le confort du lodge, l’éloignement jouent beaucoup dans la sensation de plénitude que procure cette semaine d’héliski. Isolé, le groupe fonctionne en vase clos. Aucun téléphone portable ne marche, les Blackberrys des hommes d’affaires restent délicieusement muets. Les conversations sont focalisées sur le ski incroyable de la journée et l’on apprend à mieux se connaître.Le lodge est l’inverse de la cabane de trappeur : jacuzzi king size, sauna accueillant, chef talentueux en cuisine, cave à vins sidérante par sa diversité, cheminée où les buches crépitent et sofas très engageants… La vie ici s’écoule dans une bulle, à mille lieux des préoccupations de tous les jours. Tout est facile, hors de proportions. Un claquement de doigts et l’hélico débarque. Une petite faim ? Un deuxième hélico (!) apparaît avec tout le catering : toasts, sandwichs, boissons chaudes, soupe, café… Un coup de mou dans le genou ? Un appel radio plus tard, le taxi des airs vous ramène au lodge pour aller glouglouter dans le jacuzzi.

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L’assurance ski…

Le Bell bi-pales est un hélicoptère qui embarque douze personnes, guide compris. Très stable par mauvais temps, il permet des vols par vent soutenu, chutes de neige… Les pilotes, extrêmement expérimentés connaissent les moindres recoins des vallées par leurs petits noms. Ils sont franchement impressionnants de maîtrise et trouvent toujours une solution de replis malgré le brouillard. Concrètement, sauf gros coup de malchance, l’hélicoptère vole tous les jours. Il faut dire qu’il n’y a pas impunément des mètres et des mètres de neige dans cette région. L’équipement ski est fourni par le lodge, les fat Atomic sont efficaces. Le froid ? Avec parfois moins vingt degrés, il vaut mieux sortir l’artillerie mais le froid sec est tout à fait supportable. Adamants est un lieu magique où l’on se perd, où les cuisses fatiguées redemandent encore et encore de retourner là haut. Une contrée oubliée où le ski prend une autre dimension.

Franck Oddoux

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